Durant notre périple à 6 amis en Malaisie fin mai, nous sommes passés au Taman Negara, un parc national immense, première zone protégée en Malaisie (depuis 1925). Nous y avons organisé deux sorties avec l’agence Taman Negara Asia Camp. Après un après-midi détente aux cascade Lata Berkoh, nous sommes partis deux jours en trek dans la jungle. Et si vous ne savez pas ce qu’est un trek, c’est tout simplement une randonnée !
Petite précision : « Taman Negara » signifie « Parc National ». Le principal, dont je parle ici, est désigné comme « le » Taman Negara (et appelé « Taman Negara Malaysia » sur Google Maps). Cependant, tous les autres parcs nationaux commencent également par « Taman Negara ». C’est par exemple le cas du Taman Negara Bako, que j’ai également visité.
La vidéo
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Le récit de voyage : un trek de 2 jours dans la jungle au Taman Negara
Temps de lecture estimé : 20 minutesDéclaration et embarcation : la mise en jambe !
Nous arrivons à 9h30 à l’agence et faisons connaissance de notre guide pour les deux prochains jours : Joe ! Joe est un local, petit et sec, mais on ne va pas tarder à réaliser qu’il connaît la jungle comme sa poche, et qu’il est plus endurant que nous tous réunis ! Nous récupérons aussi les affaires fournies pour l’agence : un tapis de sol, un sac de couchage, une assiette et un gobelet en plastique, quelques réserves de nourriture et trois bouteilles d’eau. Petite précision : tous les échanges se faisaient en anglais.
Avant de pouvoir rentrer dans le parc Taman Negara, il faut traverser la rivière pour s’acquitter de formalités : payer 1 RM (22 centimes d’euro…) de droit d’entrée par personne et 5 RM (environ 1 euro) de licence par appareil photo. Autant dire pas grand-chose ! Il faut également déclarer les personnes entrant dans le parc et ce que chacun emporte comme vêtements, bouteilles d’eau et batteries.
Au guichet, nous faisons la connaissance d’un groupe de 7-8 personnes de différentes origines (dont 2 français) : ce seront les seules personnes que nous croiserons dans la jungle, à l’exception de 3 autres randonneurs à l’arrivée. De notre côté, voyageant à 6, nous avons la chance d’avoir Joe pour nous tous seuls ! Nous apprendrons plus tard que le guide de l’autre groupe est en fait l’oncle de Joe.
Une fois les formalités accomplies, nous pouvons embarquer pour notre destination ! Dans la pirogue, le soleil cogne, mais le vent et les embruns rendent la température très agréable. Durant les deux heures que dure la remontée de la rivière au cœur du Taman Negara, nous pouvons admirer un paysage bien différent de la veille. Ici, la rivière est très large, et d’immenses arbres bordent des rives sauvages sur lesquelles nous pouvons parfois voir apparaître des animaux. Nous aurons la chance d’apercevoir trois buffles prenant leur bain, et un aigle volant loin au-dessus de nous ! A chaque fois, c’est Joe qui nous signale les animaux, nous serions totalement passés à côté sans lui.
Nous arrivons enfin à destination, rassasiés d’un déjeuner simple et bon avalé dans la pirogue, et trempés par les vagues des rapides ! Nous ne sécherons jamais vraiment durant l’expédition, alors autant s’y habituer dès le début !
Le début du trek : des airs de promenade… qui ne durent pas longtemps !
Une fois débarqués, nous arrivons dans une sorte de petit village de vacances, désert lors de notre passage. Après une pause toilettes (les dernières que nous verrons), nous nous mettons en route !
Les premiers kilomètres sont assez déconcertants : nous marchons le long de grands tuyaux, nous traversons un magnifique pont suspendu et pouvons lire le nom des arbres sur des pancartes en très bon état. Si c’est loin d’être désagréable, cela ne fait pas très sauvage !
Mais ça ne dure pas : nous arrivons rapidement dans la jungle, la vraie ! Nous suivons alors un chemin (tout de même bien tracé) à travers le paradis vert (hors de question que j’appelle cela un enfer !). Ici, pas de câbles ou de pancartes, juste la faune et la flore qui nous entourent et sollicitent tous nos sens. Nous commencerons pas apercevoir des fourmis énormes (autour d’1,5 cm), des sangsues, des termitières… puis Joe, notre guide, nous montrera des crottes fraîches d’éléphant. Après quelques kilomètres durant lesquels il nous montre régulièrement les traces du passage de l’éléphant, il aperçoit des crottes d’éléphanteau. Il s’assombrit alors et nous dit de rester bien groupés, nous expliquant que les éléphants peuvent être dangereux lorsqu’ils croient leurs petits en danger.
Mais au-delà de notre vue, c’est notre ouïe qui nous dépayse : loin d’être silencieuse, la jungle résonne de bruissements de feuilles, grincements d’insects, cris d’oiseaux et rares hurlements de singes. A cette harmonieuse cacophonie s’ajoutent des bruits difficiles à identifier, nous faisant penser à des scies circulaires, des aspirateurs, des cocottes minutes ou des alarmes, sans vraiment comprendre quelle créature est capable d’émettre un tel son.
Durant cette première partie d’étape, nous croisons quelques ruisseaux, et prenons notre temps pour éviter de nous mouiller ou nous salir trop les chaussures. Mais au bout de 3 heures de marche (dont quelques pauses, tout de même), nous comprenons que cela était inutile. Nous arrivons en effet devant une rivière de quelques mètres de largeur, qu’il nous faudra traverser à gué, avec de l’eau au-dessus du genou !
Il faut arriver avant la nuit !
Une fois la rivière franchie, notre guide, comme s’il considérait que nous avons réalisé notre baptême de la jungle, nous dit que nous allons devoir accélérer si nous voulons arriver avant la nuit.
S’ensuivent alors deux heures de marche à un rythme soutenu, qui se révéleront être les plus éprouvantes de notre périple. Mais au moins, nos chaussures baptisées, nous ne traînons plus, et c’est à peine si nous cherchons à éviter les flaques d’eau ou de boue ! Nous aurons tout de même une pause à la « première grotte » du parcours, qui ne sera en réalité qu’une simple alcove dans une paroi. Nous commençons alors à nous demander à quoi ressemblera la grotte dans laquelle on nous a dit que nous allions dormir…
Mais nous n’avons pas longtemps à attendre, et c’est plus de 5h après notre débarquement de la pirogue que nous arrivons à la grotte, après une étape toute aussi incroyable qu’éprouvante, et sous une pluie commençant à forcir.
L’arrivée à la grotte
Si nous avons pu avoir des doutes sur la grotte, ils étaient totalement infondés ! Il s’agissait en fait d’une grotte comme je n’en avait vue, indéniablement naturelle (même si aménagée, notamment au niveau du sol, soigneusement nivelé), mais pourtant parfaitement adaptée à nos besoins.
L’entrée se fait par une salle colossale, avec dix mètres sous le plafond, percé de plusieurs puits par lesquels on aperçoit à peine la lointaine lumière du jour. Une imposante stalagmite de plus de 5 mètres trône au milieu, juste en dessous d’une stalactite étonnamment bien moins large. A gauche de l’entrée se trouve la chambre aux chauves-souris, où des dizaines de ces mammifères nocturnes dorment la tête en bas, accrochés à une voûte basse, s’envolant parfois sous le faisceau de nos lampes frontales. Un peu plus loin, nous arrivons dans la « pièce principale », au pied de l’autre issue de la grotte ouvrant une magnifique fenêtre sur la jungle, qui disparaissait à ce moment sous un rideau de pluie.
Dans la pièce principale, l’autre groupe nous attend déjà et a allumé un feu de bois – nous nous demandons d’ailleurs comment ils ont réussi à trouver du bois sec dans une jungle aussi humide ! Nous serons ainsi une quinzaine pour cette nuit. Autant dire que nous avons la grotte pour nous tous seuls, celle-ci pouvant accueillir 80 personnes par jour (j’ai même lu 200 sur certains sites) à la haute saison touristique ! Sur un mur de la pièce principale, un mince filet d’eau coule, nous permettant de nous laver les mains et les pieds avec bonheur.
Nous étendons la grande bâche qui délimitera notre camp, déposons nos sacs à dos avec soulagement, et nous empressons de retirer nos habits que nous déposons sur le fil à linge installé juste à côté de nous. Joe nous annonce alors que nous allons enfin pouvoir tester la jungle shower (ou parfois jungle jacuzzi) qu’il nous vante depuis le matin.
Jungle Jacuzzi
Nous enfilons nos maillots de bain, et armés de notre curiosité (teintée d’une dose de scepticisme) nous lui emboîtons le pas. En tong et en maillot de bain, nous devons parcourir quelques centaines de mètres dans la jungle, ce qui relève du défi à certains passages (la vidéo le montre bien !). Et nous arrivons enfin au jacuzzi.
Le jungle jacuzzi est en fait extrêmement simple. Mais, que ce soit à cause de la crasse que nous avons accumulée ou du dépaysement que cela représente, c’est pour nous la plus délicieuse des expériences ! Nous nous trempons donc un ruisseau clair, dans lequel nous pataugeons, avant de nous asperger avec une bassine (il faut crier en même temps, c’est important apparemment !). Joe a même apporté un savon naturel. Ça y est, nous sommes propres !
Pour la surprise de cette découverte et le soulagement qu’elle nous apporte après une journée très intense, cette douche de la jungle fait partie des temps forts d’un trek qui en fut riche !
La nuit dans la grotte
De retour à la grotte, Joe s’attelle à préparer le dîner, à partir d’herbes ramassées dans la jungle, de riz qu’il a amené, de boîtes de poulet que nous avons transportées dans nos sacs et de bouteilles d’eau que nous avons remplies dans la rivière. Nous proposons de l’aider, mais il refuse. Il faut dire que vue sa dextérité, nous n’aurions probablement fait que le retarder !
Le dîner s’avère parfait ! Alors que nous n’avions pas vraiment d’autre attente que de nous sustenter décemment, nous avalons un plat qui n’a pas à rougir face aux restaurants dans lesquels nous avons mangés les jours précédents ! Durant notre repas, nous avons entendu un bruit : 3 porcs-épics effilés sont entrés dans la grotte, contournant notre camp pour disparaître dans les hauteurs de la salle principale (après quelques recherches, j’ai fini par les identifier comme des Trichys fasciculata. De rien.).
C’est le départ d’une visite nocturne de « notre » grotte : on y observe les impressionnantes concrétions qui la décorent, les jeux de lumière de nos lampes, un crapaud et les chauves-souris qui commencent à se mettre en mouvement.
Après cette visite le repas, Joe nous a raconté ses histoires et aventures, agrémentées de photos. Voir ses nombreux selfies et le plaisir qu’il a à raconter ces histoires est finalement rassurant pour nous : nous ne sommes pas un groupe parmi tant d’autres, qu’il trimbale pour son boulot. Nous sommes ses compagnons de route, à qui il transmet sa passion pour la jungle. Soudain, un bruit près des gamelles, empilées à l’écart de notre camp, nous fait sursauter. Nous avons tout juste le temps d’apercevoir un rongeur occupé à nettoyer nos restes avant qu’il ne s’enfuie, effrayé par la lumière de nos lampes.
En nous demandant à quelle heure nous voulions partir le lendemain, nous avons répondu à Joe que nous pensions démarrer vers 8h, convaincus que nous allions mal dormir et que les aventuriers devaient se lever tôt ! Il a rigolé, et nous a dit que nous allions partir vers 10h, ou 9h30 si nous étions rapides. Sans surprise, il avait raison !
Nous avons en effet dormi comme des pierres ! Même s’il n’y avait qu’un mince matelas entre le plancher rocheux et nous, malgré les cris des chauves souris sorties chasser, nous nous sommes laissés bercer par le clapotis de la cascade et avons dormi… 10 heures ! Je me suis quand même réveillé à 6h, profitant de l’occasion pour enregistrer l’ambiance sonore de la grotte et lancer l’enregistrement d’un timelapse de l’aube se levant à travers notre « fenêtre » sur la jungle, avant de me rendormir ! (vous pouvez retrouver tout cela dans la vidéo)
Le retour
Au petit déjeuner, nous avons eu la surprise de sentir du pain grillé, sur lequel nous avons pu tartiner une excellentissime confiture locale à la noix de coco. Tout cela était agrémenté de gâteau à la banane. Encore un peu et cette nuit dans la grotte aurait été la plus agréable de notre séjour ! (mais elle remporte haut la main la palme de nuit la plus dépaysante du voyage, voire de ma vie !)
Après avoir remballé tout notre campement, nous étions fin prêts pour le départ ! (celui-ci a d’ailleurs été quelques peu précipité par une attaque d’abeilles…) A 9h45, nous étions de nouveau dans la jungle ! (comme quoi notre guide avait vu juste)
Peu après notre départ, nous avons visité une grotte plus petite, mais peuplée de centaines de chauves-souris, de quelques dizaines d’araignées et d’un crapaud (à croire qu’en Malaisie chaque grotte a son crapaud). Nous avons également goûté du jus de liane à même la tige, histoire de compléter l’expérience !
Puis la dernière étape de notre trek à Taman Negara a commencé ! Si nous avons pu éviter le « sprint » de la fin du premier jour, l’étape de ce deuxième jour a présenté son lot de défis, à travers plusieurs traversées périlleuses de petits cours d’eau, qui ont testé notre équilibre, notre sang froid, notre capacité à marcher sur une pente inclinée et l’adhérence de nos chaussures ! Mais nous avons progressé sans encombre et (presque) sans chute dans un environnement toujours aussi envoutant (et étouffant).
Nous avons cependant légèrement stressé lorsque notre guide nous a dit, 40 minutes avant l’arrivée, qu’il allait partir devant pour préparer à manger. Livrés à nous-mêmes dans la jungle, vraiment ? Mais pas de souci : le chemin était parfaitement tracé, et le guide de l’autre groupe était en réalité peu de temps derrière nous, et nous a rattrapé au premier obstacle.
La fin
Nous sommes enfin arrivés en vue de la large rivière traversant le parc de Taman Negara par laquelle nous étions arrivés la veille. Ce fut l’occasion du dernier déjeuner, avec invroyable une vue dégagée sur la rivière, tranchant avec l’horizon limité que nous avions dans la jungle, consistant en des enchevêtrements d’arbres, et une voûte végétale loin au-dessus de nos têtes.
Si nous avions l’impression de ne pas avoir suffisamment profité de la faune locale, cette dernière pause nous a comblés ! Alors que je m’avançais pour prendre une photo, j’ai entendu un bruit sourd derrière moi, suivi d’un cri de nos guides. Un serpent d’1,50 m, d’un vert vif, venait de tomber d’un arbre à l’endroit où je me trouvais quelques instants auparavant ! J’imagine qu’il s’agissait là de sa technique de chasse, mais j’avoue être bien content qu’il ait manqué sa proie. Les guides nous ont en effet expliqué qu’il était agressif et que sa morsure pouvait transmettre des bactéries, et ils étaient visiblement inquiets. Mais le serpent a repris sa route sans autre incident, avant de monter dans un autre arbre pour attendre sa prochaine proie. (j’ai identifié après coup ce serpent comme étant un Gonyosoma oxycephalum, ou serpent ratier des mangroves )
Nous avons alors profité du déjeuner, tout aussi bon que le dîner de la veille, avant de reprendre la pirogue (non sans vérifier les arbres à la recherche de serpents, et le sol pour guetter les sangsues).
Le retour en bateau fut moins humide que l’aller, descendre les rapides étant moins violent que de les remonter. Notre guide nous proposa de visiter un village indigène, pour apprendre à tirer à la sarbacane et allumer du feu, mais nous avons préféré rentrer : nous étions épuisés et avions encore de la route à faire !
C’est donc fourbus et crasseux, mais absolument ravis, que nous nous sommes présentés à l’agence pour rendre le matériel et échanger sur cette expérience unique, avant de reprendre la route, puis l’avion : direction Bornéo, en commençant par Kuching !
Mon guide pour (sur)vivre dans la jungle
Si nous ne nous sommes pas sentis en danger durant ce trek au Taman Negara, il y a certaines informations que nous aurions aimé avoir afin de préparer au mieux le voyage (et se préparer mentalement) !
La condition physique nécessaire
Ce fut notre première réaction lors du débriefing : nous ne nous attendions pas à quelque chose d’aussi intense. Étant en bonne forme physique, cela ne nous a pas posé de problème, mais il s’agit d’une vraie épreuve, avec 4 à 5 heures de marche par jour à un bon rythme.
Le confort
Le quoi ? Oubliez ! Dans l’ensemble, les conditions sont très spartiates ! (même si le guide nous assure un confort minimal, il faut le reconnaître). En clair : c’est la jungle, la vraie.
Insectes et sangsues, ces nouveaux amis un peu collants
Dans la jungle, vous n’êtes pas chez vous, ni même au sommet de la chaîne alimentaire, et ces petites bêtes vous le font comprendre rapidement ! Mais avec quelques précautions, ce n’est absolument pas un problème. Voici quelques conseils pour ne pas vous faire (trop) embêter !
Les moustiques
Comme un peu partout en Malaisie, il y a des moustiques. Mais :
- Il y en a beaucoup moins que ce que j’imaginais (en matière de moustiques, ma pire expérience reste aux Saintes Maries de la Mer, en Camargue. Comme quoi…)
- L’anti-moustique marche plutôt très bien à partir du moment où vous ne laissez pas de peau ou de vêtements non protégés
Donc ici, la solution est très simple : badigeonnez-vous régulièrement d’anti-moustiques, et le tour est joué !
Les abeilles
Voilà un problème que nous n’avions pas anticipé !
La jungle regorge (forcément) d’abeilles, et celles-ci sont attirées par l’urine. Faisant nos besoins à proximité de la grotte, celle-ci en était donc remplie à l’aube (d’abeilles, pas d’urine), et nous avons été piqués 4 fois (sans pour autant provoquer les abeilles, et la plupart du temps sans les voir). Cependant, pas d’inquiétude : si la douleur est très vive à la piqûre, elle disparaît au bout de quelques minutes, et même le gonflement disparaît en une heure. Plus de peur que de mal, donc ! (pensez tout de même à retirer le dard)
Pour limiter les risques liés aux abeilles, tâchez donc de ne pas faire vos besoins à proximité de la grotte (ce qui est plus facile à dire qu’à faire au milieu de la nuit).
Si vous êtes sérieusement allergique aux piqûres d’abeilles, je vous déconseille fortement ce trek : le risque de piqûre est un des plus élevés que j’aie vu de ma vie. Et même moi qui suis extrêmement prudent suite à une réaction très forte à une piqûre d’abeille étant enfant (mais je ne vais pas non plus vous raconter ma vie) ai été piqué une fois.
Les sangsues
Elles étaient attendues, elles ne nous ont pas déçus… Les sangsues !
Particulièrement abondantes sur un sol humide, les sangsues sont des sortes de petits vers (bien plus petits que ce que j’imaginais) qui se tortillent au sol jusqu’à s’accrocher aux vêtements ou aux chaussures, et remonter jusqu’à trouver un bout de peau à « mordre ».
A l’instar des moustiques, les sangsues disposent d’un anesthésiant, donc vous ne sentirez rien. Et à la différence de l’anesthésiant des moustiques, l’humain n’est pas allergique à celui des sangsues : ça ne gratte donc pas !
Une fois accrochées, les sangsues commencent à se repaître de notre sang grâce à un anticoagulant (qui marche très bien sur certaines personnes, comme nous avons pu le constater !). Lorsqu’elles sont repues (elles font alors la taille d’un pouce, même si je n’ai « malheureusement » pas pu le voir), elles se décrochent toutes seules.
Si cela peut paraître effrayant comme cela, pas de raison de s’inquiéter : cela n’est pas dangereux, pas douloureux, et il suffit d’un peu de vigilance pour diminuer grandement les risques :
- Portez un pantalon (surtout pas de short), des chaussettes hautes et épaisses, et mettez le pantalon dans les chaussettes (désolé pour le style). A condition d’avoir des chaussettes épaisses (les sangsues arrivent parfois à traverser les chaussettes fines), vous êtes à ce stade bien protégé.
- Vérifiez le sol autour de vous lorsque vous vous arrêtez.
- Faites régulièrement des « leeches check » (vérifications sangsues, le refrain de notre trek !) pour repérer celles qui seraient montées sur vos chaussures, vos chaussettes ou votre pantalon (cela aide d’avoir des chaussettes claires). Si vous en repérez une, éjectez-la avec un bout de bois (il faudra vous y reprendre à plusieurs fois, leur ventouse est puissante !) ou avec vos doigts (je m’en tenais au bout de bois ^^’)
Si malgré cela vous étiez mordu, pas de panique : retirez la sangsue si elle est toujours attachée, désinfectez la plaie et essuyez le sang : plus de peur que de mal ! Et puis, une expérience dans la jungle n’est pas vraiment complète sans morsure de sangsue !
Le matériel indispensable
Voici ce que vous n’avez absolument pas envie d’oublier dans la jungle !
- Sac à dos 50 L ou plus, avec housse étanche
- De bonnes chaussures de marche
- Deux paires de chaussettes de randonnée épaisses et montantes
- Un pantalon léger pour la marche
- Deux T-shirts respirants
- Une lampe frontale puissante (200 lumens) pour la nuit dans la grotte
- Un short et des tongs pour le soir
- Un maillot de bain et une serviette pour se laver
- Un « sac à viande » pour se glisser sans crainte dans le sac de couchage fourni
- Du désinfectant et des pansements
- De la crème solaire (pour le bateau, on voit peu le soleil dans la jungle) et du répulsif à moustiques
- Des boules quies et/ou un masque occultant si vous ne voulez pas être réveillé par l’aube, les chauves souris ou l’eau qui coule
- Du papier toilette
- Des batteries de rechange pour vos appareils photo et caméras, et des batteries externes pour recharger votre téléphone (si vous prenez des photos avec, sinon il y a peu de chances que la batterie diminue : vous n’aurez ni réseau ni WiFi durant deux jours !). Vous n’aurez évidemment aucune prise électrique durant deux jours.
De manière générale, prenez des affaires qui ne craignent pas trop : entre la boue, la transpiration, l’humidité et le sang (pas de panique : c’est juste que l’anticoagulant des sangsues peut provoquer des saignements parfois impressionnants, mais elles ne font pas de mal !), vos vêtements ne seront plus jamais tout à fait les mêmes 😉
Mon avis
J’ai beaucoup pratiqué la randonnée en Europe, mais le trek dans la jungle était pour moi une première. Et je n’ai pas été déçu ! Sur le papier, il s’agissait d’une randonnée « normale » : un peu de dénivelé, un ou deux cours d’eau à traverser… Mais c’était sans compter la jungle : un écosystème propre, que l’on découvre avec admiration, mais qui n’a pas pour vocation d’être accueillant ! Si l’on ajoute à cela la moiteur, la chaleur, et la pluie qui, même si elle ne vous tombe pas dessus, modifie le terrain et le flot des ruisseaux, on obtient une vraie aventure !
Mais c’est surtout les expériences uniques que je retiens de ce trek : découvrir les plantes, les animaux, leurs cris, leurs comportements, se laver à la rivière, manger un excellent repas cuisiné avec les moyens du bord, dormir dans une grotte…
Si vous êtes en bonne forme physique (pas besoin pour autant d’être un sportif acharné), que vous n’avez pas d’allergie sérieuse ou de phobie extrême, que vous n’avez pas peur de laisser votre confort de côté pendant deux jours, et que vous cherchez la découverte et l’aventure, je vous recommande sans hésiter (et avec la plus grande ferveur) ce trek au Taman Negara !
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