Lors de notre voyage en Malaisie fin mai à 6 amis, nous sommes partis de la charmante ville de Kuching et avons posé nos sac à dos pour 2 jours au Parc National de Bako, à Bornéo. Contrairement à la nature sauvage et presque hostile du Taman Negara, le parc Bako propose divers sentiers aménagés, assez facilement praticables en toute autonomie.

Petite précision : « Taman Negara » signifie « Parc National » en malaisien. Le parc de Bako s’appelle donc « Taman Negara Bako ». LE « Taman Negara » tout court désigne en revanche un autre parc, le principal parc national situé sur la péninsule malaisienne, un parc bien plus grand et sauvage dont je vous parle ici.

La vidéo

Sur la piste des nasiques au Parc National de Bako (Bornéo, Malaisie)

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Le récit et les conseils de voyage

Temps de lecture estimé : 9 minutes

Accéder à Bako

Dans le bateau vers Bako

Pour rejoindre Bako, il faut se rendre à l’embarcadère à Kampung Bako via taxi, Grab (l’équivalent d’Uber) ou bus. Toutes les heures (ou lorsqu’il y a suffisamment de monde), le bateau part. Comme souvent durant le séjour, le fait que nous soyons 6 (et même sept pour le parc Bako, nous avons été rejoints par un ami travaillant à Kuala Lumpur) nous a permis d’être seuls : nous avions un bateau pour nous ! Nous embarquons donc, remarquant au passage un panneau « danger crocodiles ». L’ambiance est posée !

Comme pour « le » Taman Negara, le trajet en bateau fait partie à part entière de l’expérience ! Longer la mangrove, croiser des barques de pêcheurs, apercevoir l’incroyable presqu’île à l’ouest et son relief abrupt, profiter du bleu de l’eau, découvrir petit à petit le parc alors qu’on s’en approche… On en prend vraiment plein les yeux !

La faune du parc de Bako

Le Parc National de Bako est surtout réputé pour sa faune, et les centaines d’espèces de singes, oiseaux, grenouilles, poissons, crustacés, chats sauvages, rongeurs, chauves souris, serpents, insectes et araignées qui le peuplent. Je ne vais bien sûr pas vous les lister toutes ici, mais voici un aperçu des plus emblématiques.

Le nasique

Le nasique est indéniablement l’emblème du Parc National de Bako. Il suffit de voir la déclinaison de T-shirts et autre souvenirs à son effigie à la (petite) boutique du parc !

Un nasique au Parc National de Bako, photographié par Clément Porteman
Un nasique (photo : Clément Porteman)

Ce singe à l’énorme nez, connu chez nous pour sa courte apparition dans le Tintin « Vol 714 pour Sidney », est en effet endémique de l’île de Bornéo (cela signifie qu’on ne le trouve qu’à Bornéo – moi non plus je ne le savais pas). Sachant que l’espèce ne compte plus que quelques milliers d’individus, dont 500 au Taman Negara Bako, c’est indéniablement ici que vous avez le plus de chance de voir un nasique dans votre vie.

Ce singe nous a surtout marqué par sa silhouette bedonnante et son nez vraiment colossal (je vous épargnerai la référence à Cyrano, tout le monde la fait). Ceux-ci le font en effet ressembler de manière troublante à un humain. Son comportement nonchalant ne fait que renforcer cette impression.

Où voir des nasiques ?

Nous avons parcouru les sentiers de randonnée pendant des heures et en avons à peine aperçu un. Peut-être aurions-nous dû redoubler d’efforts ? C’est plutôt le contraire ! Le meilleur endroit pour observer des nasiques au parc Bako est en effet dans les arbres longeant la plage, près du « Headquarter » (le centre d’accueil). On a pu ici en observer des dizaines, parfois de très près ! Pour peu qu’on ne les dérange pas, les nasiques se contentent de manger leurs fruits préférés et de se chamailler entre eux.

Il paraît que le matin est particulièrement propice pour en observer : nous allions prendre notre petit déjeuner à 7h30 avant de partir en randonnée pour observer des nasiques, quand nous sommes tombés sur toute une colonie ! Pour notre plus grand plaisir, nous avons reculé l’heure du petit déjeuner et de la randonnée pour pouvoir les observer et les photographier !

Les macaques

Un macaque, tranquillement posé au milieu du chemin de randonnée
Un macaque, tranquillement posé au milieu du chemin de randonnée

Il y a bien sûr d’autres singes dans le parc Bako, et en premier lieu les macaques, qui pullulent en Malaisie (jusqu’à Kuala Lumpur) ! A Bako, on les trouve notamment au centre d’accueil et sur les chemins à proximité. Il est d’ailleurs déconseillé de laisser des affaires ou de la nourriture sans surveillance, ils ne laissent pas passer une opportunité !

Les oiseaux

Le parc compte bien entendu de nombreux oiseaux, dont les mélodies viennent agrémenter le bourdonnement constant des criquets et autres insectes musiciens. Nous en avons cependant vu peu, à part un magnifique oiseau à la queue fourchue assoupi lors de la promenade nocturne, et deux aigles (qui sont venus voler dangereusement près de notre drone).

Les grenouilles

Après les crapauds des grottes du Taman Negara, notre promenade nocturne nous a permis de découvrir de nombreuses grenouilles, plus petites et colorées.

Les chauves souris

A la nuit tombée, les chauves souris sont de sortie ! Il suffit d’allumer une lampe torche, et l’on ne tardera pas à en voir passer une ! (ces chauves souris sont insectivores, elles ne présentent donc aucun danger)

Les poissons

En les voyant, on ne sait pas trop si on a affaire à un poisson ou un batracien. Les gobies sont des animaux surprenants !

Les eaux du parc Bako sont bien entendu peuplées de nombreux poissons. Mais les plus marquants sont de loin les très étranges gobies, ces poissons marcheurs capables de respirer à l’air libre. Ils passent une bonne partie de leur temps à se « prélasser » au bord de l’eau, et une bonne centaine d’entre eux nous attendaient sur la plage près du débarcadère par lequel nous sommes arrivés.

Nous avons en plus de cela observé des multitudes de jeunes poissons chats dans les étendues d’eau de la forêt, lors de la promenade nocturne.

Les crustacés

Les crabes pullulent sur la côte, et l’on croise notamment de minuscules crabes sur la plage, rentrant et sortant de leurs trous dans le sable, et des crabes violonistes dans la mangrove, reconnaissables à leur pince démesurée par rapport à l’autre.

Les insectes, araignées et autres

Qui dit jungle dit insectes ! Mais au parc Bako, ceux-ci ne sont pas trop envahissants (à part peut-être les minuscules fourmis que l’on retrouve partout). On entend notamment une variété de criquets dans la forêt, et l’on peut apercevoir des phasmes (ces insectes ressemblant à s’y méprendre à une brindille).

Notre promenade nocturne a également été l’occasion de voir un bon nombre d’araignées, très colorées, aux formes étranges, ou d’impressionnantes tarentules, ainsi qu’un mille-pattes à l’allure cauchemardesque !

Les promenades du parc de Bako

Notre plus belle randonnée a commencé par un trajet en bateau, pour rejoindre une plage isolée et sauvage, que nous avions pour nous tous seuls. Grandiose !

Le Taman Negara Bako propose de nombreuses randonnées, dans des environnements variés : plage, mangrove, jungle, plaine, falaises… Tout cela dans un rayon finalement très restreint.

A l’accueil, vous pouvez demander des plans et des conseils pour vos balades, et également à vous faire déposer en bateau pour une modique somme, afin d’avancer plus loin dans le parc. Nous nous sommes ainsi fait déposer sur une plage déserte absolument paradisiaque, pour ensuite revenir à pied vers le centre.

Les randonnées sont assez accessibles : équipés de bonne chaussures, vous n’aurez aucun mal à progresser sur les sentiers parfaitement balisés. Si l’ensemble est assez sauvage et donne véritablement l’impression d’être loin de la civilisation, on est loin, tant dans la difficulté que dans l’atmosphère, du trek que nous avons fait dans le Taman Negara : cela reste des chemins de randonnée, pas la vraie jungle.

En revanche, préparez-vous à avoir chaud : entre les ascensions dans la moiteur de la jungle et les traversées de plateaux sans ombre, vous allez transpirer !

La promenade nocturne

En arrivant à l’accueil du parc, on nous a dit « Vous faites la visite nocturne ce soir ? Vous devez la faire ! ». Nous l’avons donc faite, et ne l’avons pas regretté ! Accompagnés par trois guides, nous sommes partis après le dîner à la découverte des animaux nocturnes.

Au-delà de l’aspect sympa du fait de découvrir le parc sous un nouveau jour (enfin une nouvelle nuit, plutôt), cela a pour nous été l’occasion de découvrir et observer de nombreux animaux nocturnes. En plus des araignées, phasmes, grenouilles et chauves souris mentionnés plus haut, nous avons eu la chance de voir une vipère d’un vert vif et un chevrotain, un petit mammifère, ressemblant à un improbable croisement entre une souris et un chevreuil (comme indiqué par son surnom anglais de « mouse-deer »).

Nous n’avons en revanche pas observé de chat sauvage ou de loris, qui peuvent aussi être aperçus lors de ces balades.

L’hébergement et la nourriture à Bako

Pour l’hébergement, il n’y a pas une infinité de possibilités : le parc national propose directement des hébergements sur place, avec différents niveaux de confort et des tarifs abordables. Nous avions pris les chambres « supérieures » qui, sans être luxueuses, étaient très satisfaisantes. Je recommande de passer une à deux nuits sur place, sachant qu’on ne peut pas voir grand-chose en une journée, et que cela peut devenir un peu répétitif au-delà de trois jours. Surtout que les pauses baignades sont prohibées à cause des crocodiles…

Pour la nourriture, c’est le même topo : le centre du parc dispose d’une cafétéria où l’on peut manger matin, midi et soir à des prix défiant toute concurrence (il n’y a d’ailleurs pas de concurrence). Là aussi, sans être exceptionnelle, la nourriture est très correcte… en particulier le gâteau à la banane !

Ayant visité le parc fin mai, qui n’est pas une saison touristique, le parc était loin d’être complet : nous n’étions donc pas bousculés à la cafétéria, et avions quasiment les chemins de randonnée pour nous tous seuls !

Mon avis

Si vous prévoyez de vous arrêter à Bornéo, le passage par le parc de Bako est pour moi indispensable ! Ses paysages variés et sauvages sauront vous enchanter, mais c’est surtout une excellente opportunité de découvrir une grande variété d’espèces animales dans leur habitat naturel. Et qui sait, c’est peut-être l’unique occasion que vous aurez d’observer un de ces troublants singes que sont les nasiques !

Lors de votre passage au Sarawak à Bornéo, n’oubliez pas de visiter également Kuching et la réserve à orangs-outans de Semenggoh !

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Pierre Simonnin

Ingénieur, entrepreneur, consultant, auteur, je partage dans ce blog mes récits, vidéos et conseils de voyage, en France et dans le monde !